je suis incapable d'écrire des haïkus
tout au plus puis je les accueillir quand ils se présentent , quand je suis suffisamment vide pour les accueillir , assez silencieux pour les entendre.....
la pratique de ce blog tourne pour moi à l'artificialité , je "cherche" à écrire des haïkus et ma démarche en perd toute sincérité
le haïku est une épiphanie bien rare et générer un ou plusieurs haïkus par jour tient pour moi du labeur
je n'ai plus besoin de me rassurer en me créant un statut de "haïjin" , je ne désires aucune case , aucun filet , rien pour m'identifier....
la plupart des haïkus sont à mon sens médiocres , tout juste un journal assez plat malgré des allures trompeuses.....
il est facile de faire "comme ci" , à la "manière de...."
je ne jouerais plus ce jeu , désormais je ne publierais que des haïkus qui m'ont été offerts par le silence ...libre à vous tous d'avoir la curiosité de venir voir de temps en temps ce qui a pu advenir
merci pour vos commentaires , vos lectures ....
aujourd'hui , le 31 janvier 2009 je me souviens qu'il y a 61 ans décédait le mahatma Gandhi , "bapou" le petit père...le silence s'impose d'autant plus
<<la vraie démocratie ne viendra pas de la prise de pouvoir par quelques-uns, mais du pouvoir que tous auront un jour de s'opposer aux abus de toute forme d'autorité>>
M.K.Gandhi (1869-1948)
un rien de badinage ce matin, la tramontane souffle en rafale, l'hiver est bien installé, la tache principale consiste à assurer l'approvisionnement en buches du poêle....
le sol est encore bien dur
le jardinier réduit
à écrire des poèmes
c'est un temps de gestation, rien ne semble bouger au dehors et pourtant la vie est déjà là.....
jour après jour , le travail ne cesse pas.
la terre est froide
tant d'herbes folles
dans mon jardin
tant d'herbes folles, tant d'herbes folles, mais est ce bien un problème?
c'est pour moi chose assez difficile de rendre en mots l'intensité de
ma vie intèrieure. surtout quand les moments de paroxysme sont avant
tout des moments de vide profond, de silence total , d'ouverture et
d'abandon.
rien n'y prépare, rien ne se prévoit, ne se planifie, je suis pris par surprise et "quelque chose" advient....
je marche dans la rue de retour du marché , le vent commence à monter , il y a dans l'air une fureur encore rentrée mais déjà perceptible....et d'un seul coup , cela bascule en moi, tout n'est plus que silence....
les mimosas tardent à fleurir
enfin
je n'attends plus
il est parfois difficile de s'accommoder de ce que l'on est vraiment, de le voir sans misérabilisme ni excessive émotion.
je me perçois de plus en plus comme une sorte d'autiste, avec des incapacités notoires à appréhender la communauté humaine telle qu'elle est, fuyant ses impératifs, ses nécessités....bien que d'autre part cet "handicap" soit aussi le berceau de ma sensibilité, de ma perméabilité au monde, de mon amour.
parfois je l'accepte en riant, parfois je m'imagine autre et je souffre, mais il est évident qu'il y a des clés qui ne m'ont pas été remises....
herbe folle
arpentant des chemins
le long de jours
la neige est tombée bien bas
à par marcher
que m'a t on appris à faire?
et puis toujours cette situation scandaleuse en palestine qui me hante, pas une heure sans que je ressente la souffrance qui en résulte...
plantant des pivoines
je creuse un trou
comme d'autres une tombe
ce matin , une note de légèreté, en forme d'hommage....
je me réveilles encore nuit noire, le rituel est bien établi...plier mon futon, gratter les cendres a la recherche de quelques braises susceptibles de relancer le feu....puis m'installer et consulter mes messages mail....
l'humeur est couçi-couça, pas mal de doutes, et puis dans les quelques messages reçus .....
chaque matin au réveil
soyons prêts
à fêter la vie
rien de plus, venu d'un ami....
dans le zen on pourrait appeller ça un coup de keisakou, baton frappé sur les épaules pour ramener le disciple à la réalité.
je réalise que bien que réveillé mes yeux n'etaient pas ouverts, bien que marchant, agissant, je dormais a point fermé....
au sortir du rêve
juste quelques mots
mes yeux ouverts
je me répètes sans cesse cette injonction de william Blake "réveilles toi, réveilles toi ô dormeur du pays du rêve , debout...."
il est de première instance pour moi que ouvrir les yeux ne va pas de soit et n'est en aucun cas notre état quotidien, que naître demande un effort conscient et que la mort précède la vie....
les vignes, des visages, des montagnes m'attendent.
wake up, wake up, wake up......
puisque c'est la seule raison valable d'écrire pour moi ces jours derniers , je retourne le long du Jourdain...
gazaouï
on pourrait croire
le chant d'un oiseau
au cœur des souks
hommes et moutons
sang mélés
pas écrit grand chose ces derniers jours, je le reconnais.
"ça" ne vient pas, je n'ai pas pour habitude de forcer, de chercher, si les mots ne me trouvent pas c'est que je ne suis pas disponible, c'est tout.....
je ne "suis" pas un écrivain.....je déteste les cases, qu'elles flattent mon égo ou non....
j'écris...parfois, quand je suis bien luné et disponible , ouvert, en écoute
et souvent je n'écris pas et cela ne m'inquiète pas outre mesure, juste le témoin d'un état intèrieur
il y a peu être aussi que j'ai du mal à écrire sur mes araignées, les pets de luciole ou les circonvolutions de mon petit quotidien quand là bas en orient l'armée israélienne joue à la chasse au lapin sous prétexte de sécurité intérieure....
chaque jour qui passe me voit scandalisé et immobile....
la lune est noire
à des milliers de kilomètres
les gémissements
bon nombre de haïjins japonais ont écrit sur "la" bombe, peut être pourrais je me sentir un peu moins inutile à écrire sur Gaza.....
il y a des visages , des voix que je n'oublie pas. Même après quelques années un presque rien suffit parfois à réouvrir une blessure. sans résistance je m'y abandonne, elle fait partie de moi.
au sortir du rêve
son visage
sur la lune pleine
d'ailleurs la nuit est toujours un moment privilégié. Une sorte de zone de non droit, où la dictature du faire n'a que peu de prise , un espace des possibles.
Allongé auprès de mon poêle, je me plais à considérer le monde...allongé
le temps d'un rêve
d'une fenêtre à l'autre
la lune pleine
il n'y a plus de braises dans le poêle
le nez sur une carte
où suis je donc?
parfois, un rien, un presque rien, suffit a provoquer un basculement complet de l'esprit , une sorte "d'ouverture".....les adeptes du zen le nomment "satori" , d'autres parleront de grâce peut être...peu importe, ce n'est rien......
sans vent
sans personne
tinte la clochette à vent
je marche au matin, la lumière rasante du soleil éclaire quelques aigrettes venues boire dans les prés encore gorgés d'eau.....
où s'arrête le chemin
mes pas
suffisent à eux même
quelques impressions de ces deux derniers jours de balade.....en ville! (c'est assez rare pour être souligné)
noyé dans la foule du samedi soir
sans domicile
le vent , la pluie
mon coeur au chaud
marchant dans les rues
tant de visages
à caresser
en fait , je n'errais absolument pas sans but.....
la nuit tombe
je vais retrouver un ami
que je ne connais pas
mais ce genre d'excursion n'est décidément pas pour moi , qui plus est une rage de dents soudaine l'a passablement écourtée
au coeur de la douleur , épuisé par une nuit sans sommeil , surgissent des instants de contemplation béate.....
imbécile
sous la lune
pleine
un pépin de mandarine
en guise de dent
mon rire bête
attention à ne pas se méprendre sur le sens de ces mots ....imbécile , bête , naïf sont de la même veine pour moi, cela de la joie......