je profite d'une connexion internet et d'un temps
délibérément humide pour partager avec vous quelques visions de mon
début de voyage a vélo
départ par un soleil glacial , longeant les étangs de Leucate alors
que le soleil se lève sur la mer
la lumière a alors une texture très particulière, je la sens
amoureuse des choses, elle les enrobe et m'enrobe avec, je suis tout
au songe..
aube sur les étangs
une mandarine que je mange
quartier par quartier
tout autour de moi est suspendu, comme un sourd bourdon
seul
dans le silence des joncs
je n'attends rien
le chemin des étangs fini par déboucher sur Narbonne , croisée des
chemins, croisée des vents, et un petit marché sont le prétexte a une
halte pour regarnir ,si besoin en était, les sacoches
halles de Narbonne
tous les hommes ici
ont un air gitan
de là le chemin est simple, il ne me reste plus qu'à suivre le canal
du midi puis le canal latéral à la Garonne pour arriver à destination....
le vent faiblit, la brume monte, passé Carcassonne le temps devient
hivernal
brumes sur la garonne
je cherche un supermarché
si peu de chaleur
devant - brouillard
derrière - brouillard
seul
le chemin est monotone et envoutant, personne ne se hasarde dans ces
conditions à arpenter les canaux et le rythme de mon pédalage me
plonge dans de longues rêveries
retour à la ferme familiale
je ne veux pas vieillir
avec le visage de mon père
de temps en temps je croise des écluses, toutes plus abandonnées les
unes que les autres, seuls quelques vagues bruits de circulation au
loin me rappellent que je ne suis pas seul au monde
brumes sur la garonne
d'écluse en écluse
des volets clos
au soir, je cherche un lieu où dormir, profitant de l'hospitalité
parfois, choisissant d'autres fois le plus modique des hôtels
la nuit tombe
aucun village
en vue
une fois un havre trouvé, la soirée est brève, je suis la plupart
des soirs épuisé par les kilomètres et les conditions météo
ces moments sont délicieux, où hébété de fatigue, je savoure sans
bouger un simple confort, un peu de chaleur, une bonne nourriture,
revenir aux fonctions de base
mes paupières
si lourdes
du poids de mes sacoches
veille de Noël
une brouillard épais
toute la journée
j'atteins enfin la vielle ferme dans le sud bordelais, le brouillard
se lève pour mon arrivée et me gratifie d'un coucher de soleil très doux
retour du soleil
ah ! le plaisir de chier
dans les herbes
mais parvenu à destination, une constatation me crève les yeux (et me
déchire aussi en même temps)
de ma famille
les visages poussiéreux
les mêmes discours, les mêmes attitudes figées, tout ici est arrêté,
une nuit suffira pour que je décide de reprendre la route vers
d'autres amis, une autre famille
soir de Noël
une vieille en manteau léopard
assise seule
peut-être en écho à la solitude que je ressens à ce moment là,
quittant une compagnie dont je sais qu'elle ne m'apportera aucune
chaleur, mais basculant vers un autre encore incertain
je me laisse entrainer par une douce mélancolie et revois un visage
croisé il y a peu, un visage qui m'a envouté
comment oublier son visage?
la route , la route
la route , la route
Noël toute lumière dans un dénuement extrême, pur moments de félicité
quand la précarité fait tomber mes barrières, la pluie s'invite, le
froid aussi , nous reveillonnons dans des courants d'air
neige et vent mêlés
plus de bois sec
pour le feu
jour de noel
pour tout cadeau
un chemin creux
dans les villages, le son de mes pneus est assourdi par la neige,
délicieuse sensation, mais le redoux vient et la cabane qui m'abrite
a de sérieuses lacunes....
la pluie
la pluie , la pluie , la pluie
jusque dans mon duvet
pluie froide de noël
j'écris
mes tripes à l'air
mais que tout ceci ne résonne pas à vos oreilles de manière dramatique, il n'en est rien, il y a bien longtemps que je ne m'étais autant amusé
une dent qui tombe
je maigris
un peu plus
pluie à torrent
personne ne remarque
ma pisse
bientôt, la suite.....
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